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Dimanche 29 juillet 2012 à 11:14

Une forme de vie
Amélie Nothomb

Nombres de pages :
123 (lecture rapide)
Editeur : Le Livre de Poche (11 janvier 2012)
Date de parution chez Albin Michel : 18 août 2010
Collection : Littérature & Document
Langue : Français
ISBN-10:
2253164321
ISBN-13: 978-2253164326


http://ecx.images-amazon.com/images/I/51eBbkQ9DML._SS500_.jpg

Couverture

Je n'aime pas ce genre de couverture (je préfère les dessins aux photos) et je ne saurais dire ce qui m'a alors donné envie de l'acheter alors qu'en plus je n'avais pas aimé Le fait du prince (dernier roman que j'avais lu d'elle). J'avais envie de lire un livre court en attendant que mon libraire reçoive le cinquième tome de l'Assassin Royal et j'avais la certitude qu'un Nothomb se lirait très vite, alors je l'ai choisi parmi les dernières sorties qui trainaient en devanture. Cet achat sonnait comme la dernière chance que je laisserai à l'auteur ...


Résumé
 (fait maison)

Un matin, le narrateur (Amélie Nothomb elle même bien qu'il s'agisse d'une fiction) reçoit une lettre d'un militaire américain basé en Irak. Celui-ci lui annonce qu'il souffre et a besoin de compréhension, certain d'en trouver chez elle. S'en suit un échange épistolaire fort intéressant...


Extrait
p 53-54 livre de poche

Melvin Mapple m'inspirait du respect et de la sympathie, mais se posait avec lui le problème que j'ai avec 100% des êtres, humains ou non : la frontière. On rencontre quelqu'un, en personne ou par écrit. La première étape consiste à constater l'existence de l'autre : il peut arriver que ce soit un moment d'émerveillement. A cet instant, on est Robinson et Vendredi sur la plage de l'île, on se contemple, stupéfait, ravi qu'il y ait dans cet univers un autre aussi autre et aussi proche à la fois. On existe d'autant plus fort que l'autre le constate et on éprouve un déferlement d'enthousiasme pour cet individu providentiel qui vous donne la réplique. On attribue à ce dernier un nom fabuleux : ami, amour, camarade, hôte, collègue, selon. C'est une idylle. L'alternance entre l'identité et l'altérité ("C'est tout comme moi ! C'est le contraire de moi!") plonge dans l'hébétude, le ravissement d'enfant. On est tellement enivré qu'on ne voit pas venir le danger.
Et soudain, l'autre est là, devant la porte. Dessaoulé d'un coup, on ne sait comment lui dire qu'on ne l'y a pas invité. Ce n'est pas qu'on ne l'aime plus, c'est qu'on aime qu'il soit un autre, c'est-à-dire qui n'est pas soi. Or l'autre se rapproche comme s'il voulait assimiler ou s'assimiler à vous.
On sait qu'il va falloir mettre les points sur les i. Il y a diverses manières de procéder, explicites ou implicites. Dans tous les cas, c'est un passage épineux. Plus des deux tiers des relations le ratent. S'installent alors l'inimité, le malentendu, le silence, parfois la haine. Une mauvaise foi préside à ces échecs qui allègue que si l'amitié avait été sincère, le problème ne se serait pas posé. Ce n'est pas vrai. Il est inévitable que cette crise surgisse. Même si on adore l'autre pour de bon, on n'est pas prêt à l'avoir chez soi.
L'illusion serait de croire que l'échange épistolaire protégerait de cet écueil. C'est faux.


Mon avis

Je suis restée dubitative à la fin du livre, j'ai trouvé la fin un peu saugrenue mais en même temps, je n'en voyais pas d'autres. Je ne sais pas si c'est la fin qui m'a perturbé. De ses livres, j'en ressors toujours sans avoir la certitude de son opinion. Je ne sais pas si c'est le but recherché mais je crois bien que c'est la seule auteur qui provoque chez moi une telle sensation. Là, je ne sais pas si j'ai simplement aimé ou adoré.

Il est connu qu'Amélie Nothomb est un auteur concis : elle ne va pas se perdre dans des détails qu'elle juge inutiles (chose qu'elle précise d'ailleurs dans Une Forme de Vie). Personnellement, j'aime bien les descriptions mais il est si rare de trouver des auteurs qui nous les épargne que c'en est tout de même agréable. Cela permet aussi de se focaliser ce qui est réellement important au sein du roman, sur le message transmis.
Ce livre m'a réconcilié avec l'auteur. Il est écrit avec talent et aborde selon moi deux sujets principaux que sont l'obésité (thème récurant chez elle) traitée avec une profondeur qui m'a bien plu ou encore son rapport avec les autres (ici épistolaire mais pas seulement comme le montre l'extrait que j'ai sélectionné).

J'ai tout de même eu une sorte de gêne en la lisant, je l'ai trouvé un tantinet prétentieuse par moment mais le montrer ainsi au grand jour n'est-il finalement pas preuve d'humilité ? Disons qu'on a tout de même l'impression qu'elle en profite pour passer un message clair à ses lecteurs qui ont l'idée de lui écrire : "Je ne raffole pas de longues missives!" entre autres choses. (page 37) Haha ça, c'est dit !!

Comme vous le voyez par rapport à l'extrait que j'ai choisi, j'ai vraiment apprécié que par le biais de cette fiction (que je trouvais en elle-même très intéressante), elle décrive son rapport avec les autres. Est-ce parce que je me suis reconnue en elle ? Peut-être. J'ai vraiment eu un coup de coeur pour ce passage en tout cas. Je n'avais jamais réfléchi à ce sujet de cette manière et ça m'a permis de mettre des mots sur ce que j'éprouve à chaque fois qu'on veut trop se rapprocher de moi. Je me sens moins bizarre pour le coup (non que cette chère Nothomb soit l'allégorie de la normalité mais bon...)

Bref, je vous conseille vivement de le lire pour les thèmes abordés, le style d'écriture et les réflexions qui en découlent. C'est toujours agréable quand un livre nous fait réfléchir sur les relations humaines en plus de nous distraire.

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